En quoi les zones humides sont-elles des solutions fondées sur la nature ?

Ces milieux si puissants, on les appelle les “zones humides” et ils méritent toute notre attention. Flamingo est une plateforme de crowdfunding dédiée à leur conservation. Dans cet article, on vous explique pourquoi elles sont nos meilleures alliées pour nous adapter au monde de demain, et pourquoi financer leur conservation est un pari gagnant.

Quand la nature fait le boulot : qu’est-ce qu’une solution fondée sur la nature ?

Les Solutions fondées sur la Nature (ou SfN) s’appuient sur les capacités naturelles des écosystèmes à faire face aux enjeux environnementaux et économiques de notre temps : changements climatiques, gestion des risques naturels, santé, approvisionnement en eau, sécurité alimentaire…

Au lieu de construire des infrastructures lourdes, coûteuses et polluantes, on mise sur les matériaux et les processus naturels, plus durables, plus économiques, et souvent plus efficaces. En gros, on laisse la nature faire son travail, ou on l’aide à le faire.

Concrètement, il peut s’agir de :

• planter des arbres pour capter le CO₂ ; 
• restaurer des zones humides pour épurer l’eau ; 
• créer des parcs urbains pour rafraîchir les villes,
• etc.

Ce concept, formalisé en 2009 lors des négociations climat de l’ONU, propose un changement de paradigme : la vitalité et la résilience de la nature, plutôt que les machines et l’ingéniosité humaine, pour répondre aux défis sociétaux. 

Zones humides : merveilles d’eau et de terre

On appelle “zones humides” tous les milieux terrestres où l’eau est présente de façon permanente ou temporaire. Cela inclut les lacs, marais, rivières, tourbières, étangs, deltas, mangroves, rizières… La liste est longue ! En bref, ce sont des interfaces entre la terre et l’eau.

Grâce à cette combinaison unique d’écosystèmes, les zones humides abritent une biodiversité exceptionnelle. Poissons, amphibiens, oiseaux migrateurs, insectes, plantes rares… Ces milieux regorgent de vie, souvent menacée ailleurs. Certaines espèces n’existent même que là (c’est le cas de la libellule), quand d’autres ont de puissantes vertus médicinales.

Mais leur valeur ne s’arrête pas à leur biodiversité. En plus de nous fournir eau, nourriture et remèdes, elles nous protègent des vagues de chaleur, purifient notre eau, stockent le carbone, et nous aident à vivre avec les effets du changement climatique. Voyons cela en détail.

Pourquoi les zones humides sont des alliées face aux changements globaux à venir ?

1. Elles stockent le carbone encore plus efficacement que les forêts

Les zones humides sont de véritables coffres-forts à carbone. Leur sol gorgé d’eau empêche la décomposition complète de la matière organique. Résultat : le CO₂ issu des plantes mortes reste piégé dans le sol, parfois pendant des millénaires. Lorsqu’on les assèche ou qu’on les détruit, ce carbone est relâché dans l’atmosphère, aggravant le dérèglement climatique. 

Les tourbières sont des puits de carbone particulièrement puissants. Elles représentent à peine 3 % de la surface terrestre, mais stockent deux fois plus de carbone que toutes les forêts du monde réunies¹. C’est colossal. 

Préserver les zones humides, c’est empêcher de les transformer en bombe carbone. Financer leur conservation, c’est investir dans des solutions de stockage du CO₂ version low tech : SANS produire, et donc, SANS polluer.

2. Elles libèrent de l’eau en cas de sécheresse

Les zones humides sont comme des éponges naturelles. Les tourbières, par exemple, sont composées de sphaignes, des mousses capables d’absorber jusqu’à 20 fois leur poids en eau. C’est un peu comme si votre éponge de cuisine pouvait absorber tout le contenu de votre évier et le restituer quand vous en avez besoin !

Elles captent et retiennent l’humidité, même quand il ne pleut plus. Puis, en période de sécheresse, elles relâchent lentement l’eau absorbée vers les cours d’eau avoisinants.

Cela permet de :

• maintenir le niveau des nappes souterraines ; 
• irriguer les sols voisins ; 
• soutenir la vie végétale et animale autour d’elles.
  

Alors que les épisodes de sécheresse s’intensifient, ces réserves naturelles d’eau deviennent des alliées essentielles pour la biodiversité et l’agriculture (et donc la sécurité alimentaire!). 

3. Elles absorbent l’eau en cas d’inondation

À l’inverse, en cas de fortes pluies ou de crues, les zones humides absorbent le surplus d’eau, et la relâchent progressivement. Cela permet de limiter les débordements et de protéger les habitations situées en aval. Une solution plus efficiente (et bien moins coûteuse) que votre assurance habitation !

Avec le réchauffement climatique, les épisodes pluvieux extrêmes sont plus fréquents. Restaurer les zones humides, c’est investir dans une solution naturelle contre les inondations.

Alors oui, il existe bien des bassins de rétention, canaux de dérivation, digues et autres barrages. Mais ces infrastructures sont coûteuses à installer et à entretenir, et elles perturbent les écosystèmes. En plus, elles peuvent céder en cas d’événements extrêmes (comme lors des grandes inondations en Europe en 2021).

Par exemple, la zone inondable de la Bassée, près de Nogent‑sur‑Seine en amont de Paris, permet de stocker temporairement des dizaines de millions de mètres cubes d’eau en cas de crue, atténuant ainsi les inondations en aval. Si l’on souhaitait remplacer cette zone humide par une infrastructure artificielle, comme un barrage d’écrêtement des crues, le coût serait astronomique : entre 100 et 300 millions d’euros selon les estimations.

4. Elles filtrent l’eau naturellement

Les zones humides jouent aussi le rôle de stations d’épuration naturelles. Les plantes aquatiques, les algues et les micro-organismes qu’elles abritent dégradent les polluants présents dans l’eau : nitrates, phosphates, pesticides, métaux lourds…

Grâce à ce processus :

• l’eau évacuée par les zones humides est plus propre ; 
• les stations de traitement des eaux ont moins de travail à faire ;
• et les collectivités économisent sur les coûts de traitement chimique.
  

Et ça, la ville de Rochefort, au Sud de La Rochelle, l’a bien compris ! Elle abrite la plus vaste station de lagunage d’Europe⁴, qui traite les eaux usées de l’ensemble de la ville sans recours à la chimie. À la sortie, l’eau épurée est suffisamment propre pour être rejetée dans la Charente, avec une qualité équivalente à celle des eaux de baignade. On vous en avait déjà parlé dans cet article.

5. Elles font baisser la température

Grâce à leur eau et leur végétation, les zones humides sont des remparts contre la chaleur. Elles peuvent faire baisser la température jusqu’à 4,7 °C⁵ pendant les vagues de chaleur. Des villes comme Colomb, au Sri Lanka, ou Pékin en Chine, en tirent déjà parti : les zones humides urbaines y créent des “îlots de fraîcheur” jusqu’à 100 mètres à la ronde !

Face à l’augmentation des épisodes caniculaires, restaurer ou créer des zones humides en milieu urbain permet de s’adapter à la chaleur tout en préservant la biodiversité. Une solution naturelle bien plus durable que les climatiseurs (qui réchauffent l’extérieur!)

Un bel exemple en France : à Roanne (Loire), la Place des Promenades a été entièrement repensée pour intégrer un espace vert de 3,7 hectares⁶, incluant une zone humide composée de trois bassins. Situé en plein centre-ville, l’endroit est très fréquenté en période estivale, et on comprend pourquoi : il y fait relativement frais en cas de canicule !

Investir dans les zones humides : un pari gagnant

Vous l’aurez compris, conserver ou restaurer les zones humides, c’est :

• moins cher que de construire des digues, des stations d’épuration ou des réservoirs artificiels ; 
• plus résilient en cas d’épisode climatique extrême ;
• plus efficace, car les co-bénéfices sur le climat, la qualité de l’eau et la biodiversité s’auto-entretiennent et créent un cercle vertueux.

Et c’est pour cette raison que nous avons créé Flamingo : une plateforme de financement participatif dédiée à la protection des zones humides. Chaque projet soutenu par vos dons a un impact direct sur le terrain. Que ce soit pour restaurer une tourbière, revitaliser un marais ou protéger une mangrove, chaque euro investi a un retour sur investissement décuplé… en nature.