Le cycle domestique de l’eau : un voyage en 5 étapes

1. Le captage
L’eau potable a deux origines principales :
- les ressources souterraines, ces fameuses nappes phréatiques.
- les ressources de surface comme les rivières, les lacs naturels ou les retenues artificielles.
En France, les nappes représentent environ 2/3 de l’approvisionnement, contre 1/3 pour les ressources de surface (source : Université de Montpellier).
Vous l’aurez compris, l’eau du robinet provient de sources d’eau douce. Mais ce n’est pas pour ça que vous pouvez la boire ! Avant d’arriver dans vos canalisations, cette eau doit absolument être traitée.
2. La potabilisation
Une fois extraites de leur milieu naturel, les molécules d’H2O sont acheminées vers des usines de traitement. La qualité de l’eau est surveillée de près par l’ARS, l’agence de santé de votre région : pas question de laisser passer la moindre substance nocive ! Les polluants viennent principalement de nos activités humaines (rejets de pesticides, hydrocarbures, métaux…)
L’eau du robinet est donc désinfectée et clarifiée, jusqu’à obtenir une certaine teneur en substances polluantes, un certain goût et une certaine couleur. Quant à l’eau mise en bouteille, elle obéit à des normes encore plus strictes, et subit des traitements encore plus contraints !
3. Le stockage et la distribution
À ce stade, l’eau est buvable. Il faut maintenant la transporter vers les consommateurs :
- Ménages, qui l’utilisent pour boire, cuisiner, se doucher, tirer la chasse, faire la vaisselle, lancer une lessive…
- Industriels : l’eau est utilisée comme fluide thermique, nettoyant ou procédé de fabrication (papier, vêtements en coton…).
- Agriculteurs : irrigation des cultures, alimentation du bétail, lavage des installations, emploi des produits phytosanitaires.
L’été, c’est la folie : humains, animaux et plantes ont tous une soif de loup. Alors, pour répondre à ces pics de demande, l’eau traitée est stockée dans des châteaux d’eau et des réservoirs, où elle patiente sagement jusqu’à utilisation. Elle transite alors par les canalisations ou voyagent jusqu’aux usines en camion citerne.
4. Le traitement des eaux usées
Savon, résidus alimentaires, produits chimiques… Après usage, l’eau est bien trop sale pour être rejetée dans la nature. Les eaux usées rejoignent donc les égouts, et se mêlent aux eaux de pluie, direction la station d’épuration !
C’est un processus complexe qui filtre, décante et désinfecte tout ce beau monde avant le grand retour aux sources.
5. Le retour aux milieux naturels
Les stations d’épuration rejettent les eaux traitées dans les rivières, les mers, ou les océans. Et devinez quoi ? Elles seront bientôt de nouveau captées pour recommencer leur périple.
Les enjeux liés à l’approvisionnement en eau potable : coût et quantité
Plus de pollution = facture d’eau salée
C’est mathématique : plus on pollue nos sources, plus le travail de potabilisation est conséquent. Résultat, votre facture d’eau grimpe, lentement mais sûrement.
Selon le journal Le Monde, le prix de l’eau augmente partout en France depuis fin 2024, en raison des coûts croissants de dépollution.
Les activités humaines amplifient la demande en eau
Notre modèle économique, basé sur la production infinie dans un monde aux ressources finies, n’est plus viable. Au 20e siècle, notre consommation d’eau a augmenté deux fois plus vite que la population mondiale (source : la Convention Ramsar).
Résultat des courses : deux tiers de la population mondiale vit dans des conditions de stress hydrique, avec moins de 1700 m3 d’eau par personne et par an. Et ça ne va pas aller en s’arrangeant : avec l’explosion démographique et l’urbanisation, la pression sur nos réserves d’eau risque de devenir très problématique.
Le réchauffement climatique aggrave le tout
Plus les activités industrielles et agricoles rejettent de gaz à effet de serre (CO2 et méthane principalement), plus le climat se dérègle. Conséquences : hausse des températures et sécheresses prolongées (pour n’en citer que deux).
Le GIEC tire la sonnette d’alarme : avec +1,5°C de réchauffement, les canicules vont se multiplier. Plus il fait chaud, plus on a soif (logique !). Mais l’offre d’eau, elle, ne suit pas. Une demande qui explose face à des ressources limitées : les calculs ne sont pas bons…
La ressource en eau douce a diminué de 14 % en France métropolitaine entre les périodes 1990-2001 et 2002-2022, en raison d’une augmentation de l’évapotranspiration (eau repartant à l’atmosphère) et de précipitations globales moindres depuis 2002. Cette diminution de la ressource est observée sur 25 % du territoire métropolitain avec des épisodes de sécheresse de plus en plus longs et fréquents.1
Mais bonne nouvelle : la nature a pensé à tout ! Elle nous offre une solution miracle : les zones humides. Lacs, marécages, étangs, lagunes… ces petits coins d’eau disséminés partout sur nos territoires sont nos meilleurs alliés pour protéger notre eau potable. On va voir pourquoi dans la suite de cet article !
Les zones humides : les super-héros méconnus de l’eau potable
Des réserves contre le manque d’eau douce

Les zones humides, ce sont les Wonder Women du cycle de l’eau. Elles régulent le débit hydraulique comme des écluses naturelles.
- En période de sécheresse (on parle d’étiage), elles relâchent doucement leurs réserves vers les cours d’eau et les nappes souterraines.
- En cas de forte crue, elles absorbent l’excès comme des éponges géantes.
Comme le partage la Convention Ramsar, préserver les zones humides en amont des sources de prélèvement d’eau douce, c’est s’assurer un approvisionnement maîtrisé en eau potable, même en période de forte demande !
Des stations d’épuration naturelles

Oubliez les usines chimiques ! Les zones humides font le boulot gratuitement :
- Leurs plantes et micro-organismes décomposent les polluants.
- Les particules se déposent naturellement au fond, laissant une eau claire en surface.
Ainsi, l’eau captée en aval de zones humides nécessite des traitements moins lourds. C’est du win-win écologique et économique, et certains l’ont bien compris !
C’est le cas de la ville de Rochefort, qui abrite la plus grande station de lagunage d’Europe. Ici, pas de traitement chimique. Les eaux usées subissent d’abord un traitement physique en 4 étapes, visant à enlever les déchets : dégrillage, dégraissage, dessablage et décantation. Puis, elles s’écoulent de bassin en bassin pendant 4 mois, où elles sont réoxygénées sous l’effet du vent et du soleil. C’est le traitement biologique. Enfin, les eaux traitées rejoignent le fleuve Charente avec une qualité dite “eau de baignade”.
Des puits de carbone encore plus efficaces que les forêts

Mais ce n’est pas tout ! Les terres d’eau sont de véritables coffres-forts à carbone. Leur capacité de stockage surpasse même celle des forêts. En les protégeant, on freine le réchauffement climatique, ce qui diminue la tension sur nos besoins en eau. Bref, protéger les zones humides, c’est sécuriser notre approvisionnement en eau potable.
En résumé : d’où vient l’eau potable et comment sécuriser cette ressource si précieuse ?
L’eau potable a deux origines principales : les nappes souterraines et les eaux de surface (rivières, lacs…). Pour la rendre buvable, elle passe par des stations de traitement ultra-sophistiquées. Problèmes : la demande en eau explose, sous l’effet de la croissance démographique ET économique, et la pollution et le changement climatique aggravent le tout. Face à ces enjeux, les zones humides nous offrent une solution clé en main : efficace, low-tech et gratuite.
Le hic, c’est que trop peu de personnes connaissent leurs pouvoirs magiques ! Pire encore, on les considère comme des terrains vagues dont il vaudrait mieux se débarrasser. Tenez-vous bien : 64% des zones ont humides ont disparus depuis 1900. Un déclin trois fois plus rapide que la déforestation.
Sensibiliser sur l’importance des zones humides, c’est la mission que l’on s’est donné chez Flamingo. Première plateforme de crowdfunding dédiée aux terres d’eau, nous soutenons les initiatives de conservation partout en France. Vous aussi, vous pouvez participer à cette révolution bleue. Faites un don pour donner un coup de pouce à celles et ceux qui se battent pour nos ressources en eau !
Sources 1 Note de France Stratégie 2025
Crédit photos : https://www.pexels.com/fr-fr/photo/goutte-d-eau-au-bout-d-une-feuille-432786/