Biodiversité des zones humides : de quoi parle-t-on ?
La biodiversité : bien plus qu’une collection d’espèces.
On croit souvent que la biodiversité se résume à un catalogue d’animaux et de plantes. Erreur ! C’est un concept bien plus riche et complexe. La biodiversité comprend trois niveaux, imbriqués et interdépendants :
- La diversité des écosystèmes : étangs, mangroves, rizières, cours d’eau, jungles…
- La variété des espèces animales et végétales qui y vivent, tantôt prédatrices, tantôt alliées, parfois les deux à la fois.
- La richesse génétique, car au sein d’une même espèce, chaque individu est unique !
Les zones humides : là où la magie opère
Marais salants, lagunes, tourbières… Entre terre et eau, les milieux humides sont de formidables zones de rencontre et de vie. Un melting pot digne des plus grandes zones urbaines, version faune et flore ! À l’échelle mondiale, c’est plus de 40% des animaux et végétaux qui habitent les terres d’eau.
Ces espaces hybrides créent une mosaïque d’habitats et des conditions propices au développement d’une grande diversité d’oiseaux, mammifères, reptiles, amphibiens, poissons, et invertébrés. En véritables championnes de l’adaptation, certaines espèces ont développé des aptitudes qui ne manqueront pas de vous surprendre !
Quand les espèces caractéristiques des zones humides nous en mettent plein la vue
Des poissons qui respirent à l’air libre
Imaginez respirer parfois par le nez, parfois par… la peau. C’est ce que fait le Silure glane, qui alterne entre respiration par les branchies et respiration cutanée.

Cet habitant des fleuves et cours d’eau peut survivre plusieurs heures hors de l’eau, à condition de rester humide. Cela lui permet de se déplacer sur de courtes distances lors de périodes de crue ou quand les rivières débordent.
Encore plus insolite : le loche d’étang. Ce petit poisson d’eau douce dispose d’une triple capacité de respiration, par ses branchies, par sa peau et par son intestin. Il avale de l’air en surface qui passe par son intestin avant de ressortir par l’anus, ce qui lui permet de survivre dans des étangs ou des marécages très peu profonds !
Des reptiles et des amphibiens qui respirent sous l’eau
Si vous avez déjà rêvé de rester sous l’eau pendant des heures, prenez des cours auprès des tortues d’eau douce et des grenouilles !
Ces espèces ont développé une respiration cutanée qui leur permet de capter l’oxygène directement à travers leur peau. De quoi faire pâlir d’envie tous les clubs de plongée !

Des insectes aussi à l’aise dans l’eau que dans les airs
Marcher sur l’eau vous paraît impossible ? Eh bien détrompez-vous ! Les gerris, ou « araignées d’eau », le font tous les jours. Ces petits funambules exploitent la tension superficielle de l’eau tels des surfeurs chevronnés… sans planche.
Avec leurs pattes ultraminces, ils répartissent leur poids pour glisser sur l’eau à une vitesse folle : 1 mètre par seconde (alors qu’ils ne mesurent que 10 mm en moyenne !)
Quant à la libellule, espèce endémique des zones humides, elle est dotée de trois paires de pattes et de deux paires d’ailes. Rien que ça ! Capable de bouger ses 4 ailes de façon indépendante, c’est un véritable petit as de la voltige.

Des ingénieurs hydrauliques qui fonctionnent à l’instinct
Les castors d’Europe n’ont pas de bac +5. Pourtant, ils régulent le débit des rivières en construisant d’impressionnants barrages, faits de boue et de branches, où foisonne une biodiversité locale ! Un milieu humide dans un milieu humide, en somme.
En plus d’être un constructeur de génie, c’est un recordman de l’apnée qui peut rester immobile sous l’eau jusqu’à 15 minutes, pour échapper à ses prédateurs.

Des plantes dont il vaut mieux se méfier
Au royaume des terres d’eau, certaines plantes sont de grandes prédatrices. Parmi elles, la Grassette commune. Cette plante carnivore a développé une technique de chasse particulièrement sophistiquée : elle change d’apparence à la belle saison, au retour des insectes.
L’hiver, elle prend la forme d’un petit bulbe discret. Tandis qu’au printemps, elle joue de ses charmes en déployant de belles feuilles violettes. Collantes, elles lui permettent de capturer ses proies, compensant ainsi le manque de nutriments de son environnement.

Des végétaux garants de l’équilibre des milieux humides
Les nénuphars ne sont pas que de jolies fleurs flottantes. Ce sont aussi des abris de choix pour quantité d’organismes qui prospèrent lorsqu’ils ne sont pas immergés.
D’autres espèces végétales régulent la qualité de l’eau. C’est le cas des myriophylles qui, avec leurs feuilles en forme de plumes, absorbent les excès de nutriments, comme un détox naturel. Ou encore du Potamot perforé, dont les tapis flottants oxygènent l’eau.

Du captage du CO2 version ultra low-tech
Saviez-vous que la faune des milieux humides était un véritable aspirateur à CO2 ? Elle capte le carbone et libère de l’oxygène avec une efficacité redoutable !
Contrairement aux idées reçues, les terres d’eau sont loin d’être inutiles pour l’homme : elles sont leur meilleure chance de lutter contre le dérèglement climatique. Un allié encore plus puissant que les forêts !
Des alliés qui rendent les armes
La triste réalité, c’est que nous perdons ces précieuses zones humides à un rythme effrayant. Trois fois plus vite que les forêts (pour lesquelles il y a déjà de quoi s’inquiéter !).
87% des milieux humides présents au 18e siècle ont déjà disparu, dans le monde. En France, le tableau n’est guère plus joyeux, avec deux tiers de nos terres d’eau détruites depuis 19001.
Et évidemment, ce n’est pas sans conséquence pour la biodiversité :
- Les habitants permanents des zones humides, comme les fabuleuses espèces présentées à l’instant.
- Mais aussi, les locataires temporaires, ces milliers d’oiseaux migrateurs qui profitent de la profusion de nourriture pour y faire escale chaque année, comme en Camargue ou en Andalousie.
Le résultat est sans appel : selon une étude de la revue scientifique Nature, 1/4 des espèces dépendantes des zones humides sont menacées d’extinction2.
À qui la faute ? À l’urbanisation galopante, aux routes qui fragmentent les habitats, à la surpêche, aux pollutions diverses… Bref, aux sociétés humaines, qui sont en train de scier les branches sur lesquelles elles sont assises. Pour en savoir plus, consultez notre article sur les menaces qui pèsent sur les zones humides.
Quand les terres d’eau disparaissent, l’espèce humaine décline
Avec la dégradation rapide des zones humides, un véritable cercle vicieux se met en place :
- Certaines espèces meurent, quand d’autres changent leurs comportements de migration, de floraison ou d’hibernation pour survivre.
- Les chaînes alimentaires sont altérées, et des espèces invasives prolifèrent, parfois porteuses de maladies.
- Les écosystèmes dysfonctionnent : la qualité des eaux se détériore, la capacité de stockage de CO2 aussi…
- Le climat se réchauffe, et le cycle infernal s’accélère.
Vous pouvez agir pour la biodiversité des zones humides !
La bonne nouvelle ? Vous pouvez être un acteur du changement ! Flamingo est la plateforme qui vous permet d’agir concrètement pour sauver nos précieuses zones humides.
Vos dons financent la préservation des terres d’eau. Chaque hectare sauvé, c’est du CO2 capté, des espèces protégées et tout un écosystème qui reprend vie. Un petit geste pour votre portefeuille, un grand pas pour la biodiversité !
Des projets de conservation des milieux humides seront lancés très prochainement. Inscrivez-vous à notre newsletter pour être aux premières loges et faire partie de la solution !
Crédits photos
1 Loche d’étang. Crédit photo : Dietmar Nill / Biosphoto
2 Tortue d’eau douce https://www.pexels.com/fr-fr/photo/gros-plan-d-une-tortue-d-eau-douce-avec-une-carapace-a-motifs-vibrants-29566140/
3 Araignés d’eau https://www.pexels.com/fr-fr/photo/photographie-en-gros-plan-de-black-water-strider-sur-l-eau-10460/
4 Mâle de Calopterix splendens battant des ailes pour attirer une femelle sur le site de ponte© S. Hilaire Tour du Valat
5 Castor Pexel https://www.pexels.com/fr-fr/photo/animal-rongeur-sauvage-faune-4027293/
6 Grassette http://www.jpdugene.com/images/photos_fleurs/grassette_a_grandes_fleurs_04.jpg
7 Nénuphar https://www.pexels.com/fr-fr/photo/2-fleurs-de-lotus-blanc-158623/
Sources
1Sources : Ramsar-France : Perspectives mondiales des zones humides, 2018
2 Sources https://www.nature.com/articles/s41586-024-08375-z reprise par l’UICN (l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature)