Voyage au cœur du royaume des oiseaux, le delta du Rhône
Dans le sud de la France, là où le Rhône rejoint la Méditerranée, s’étend un lieu magique où l’eau et la terre s’entrelacent sur 150 000 hectares. Ce ballet naturel forme une mosaïque d’étangs, d’îlots, de marais et de roselières à perte de vue.

Le saviez-vous ? C’est la région humide la plus vaste de France, et la deuxième plus grande de Méditerranée après le delta du Nil. Les Provençaux l’appellent affectueusement « n’a cap marca », le lieu sans frontières, tant les limites entre eau et terre sont floues.
Ce delta gigantesque abrite une biodiversité exceptionnelle avec près de 540 espèces de vertébrés. Parmi elles, 412 espèces d’oiseaux y trouvent refuge, dont le flamant rose, véritable emblème de la Camargue.
Cette zone est aussi un carrefour migratoire stratégique en Méditerranée. Des milliers d’oiseaux, voyageant du nord de la Sibérie à l’Afrique subsaharienne, y font escale chaque année.



Quand l’espèce humaine passe, la nature trépasse
Aujourd’hui, un réseau de canaux quadrille la Camargue, témoignant de l’empreinte humaine sur ce territoire propice à la culture du riz, l’exploitation du sel et l’élevage traditionnel. L’industrialisation et l’urbanisation ont grignoté peu à peu la Camargue, et le tourisme, plus récent, a poursuivi cette transformation amorcée dès la fin du 15e siècle.
Cette dégradation s’est nourrie d’une perception négative des zones humides. Le delta était vu comme un endroit inutile où prospéraient maladies et nuisibles. Des terres « gaspillées » qu’il fallait absolument drainer pour l’agriculture ou dont l’eau devait être « mieux utilisée ». Pour en savoir plus, consultez notre article sur les mythes dont font l’objet les zones humides.
Un scientifique aux bottes de caoutchouc tombe sous le charme de la Camargue
En 1946, le biologiste et ornithologue suisse Luc Hoffmann pose pour la première fois son regard émerveillé sur la Camargue. Deux ans plus tard, il acquiert le domaine de la Tour du Valat, niché au cœur du marais.

Convaincu de l’importance vitale des milieux humides pour la protection des oiseaux, il décide de lutter contre la destruction des espaces naturels camarguais. En 1954, il transforme son domaine en station biologique privée.
La force de Luc Hoffmann, c’est sa capacité à intégrer les besoins de développement des habitants dans ses travaux de recherche. Il va à la rencontre des riziculteurs, pour trouver des solutions aux incursions des flamants roses dans leurs cultures.

« La conservation, ce n’est pas la protection de la nature par opposition au développement humain. C’est la préservation des processus et des systèmes entretenant la vie, base d’un développement durable digne de ce nom » affirmait-il.
La Camargue devient ainsi un laboratoire à ciel ouvert, où une quantité colossale de données sont récoltées. L’objectif ? Démontrer scientifiquement le rôle vital des zones humides et inventer des solutions permettant une coexistence harmonieuse entre l’homme et ces écosystèmes fragiles.
Le mouvement de conservation des régions humides prend de l’ampleur
En 1970, le delta du Rhône obtient le statut de Parc Naturel Régional, avec en son centre 25 000 hectares classés en espaces naturels protégés. C’est le point de départ historique d’un mouvement mondial en faveur de la conservation des milieux humides.
Les idées visionnaires de Luc Hoffmann ont inspiré la création de la convention de Ramsar. Adoptée le 2 février 1971 dans la ville Ramsar en Iran, elle est le plus ancien traité mondial sur la protection de la nature, déposé par l’UNESCO.


C’est également grâce à Luc Hoffmann que naît la fondation MAVA en 1994. Cette institution finance des projets de protection de la biodiversité dans tout le bassin méditerranéen, en Suisse et sur la façade atlantique de l’Afrique de l’Ouest.
Aujourd’hui, la Tour du Valat poursuit l’œuvre de son fondateur. Elle est devenue un acteur influent et respecté dans le domaine de la conservation des milieux humides. Elle assure notamment le secrétariat de l’Alliance méditerranéenne pour les zones humides, regroupant 18 ONG internationales et 6 organisations de recherche.

Le combat continue : entre menaces et espoirs
Aujourd’hui, un quart de la Camargue a déjà été transformé en terres agricoles, et l’urbanisation côtière progresse à un rythme rapide. La recherche scientifique est plus nécessaire que jamais pour faire prendre conscience de la richesse des terres d’eau, et réduire la pression de l’homme sur ces écosystèmes fragiles.
Des études récentes menées à la Tour du Valat ont mis en lumière les liens étroits entre santé humaine et santé des écosystèmes. Ces recherches concernent notamment la transmission des maladies et la résistance aux antibiotiques dans l’environnement.
Mais les chercheurs ne peuvent pas tout. La société civile a elle aussi une carte à jouer, et le financement participatif constitue une manière concrète de s’engager. Chez Flamingo, nous avons l’ambition de financer des projets de conservation des zones humides. Vos dons aident directement les porteurs de projets à préserver ces écosystèmes vitaux.
Plus encore, votre soutien financier nous sert d’argument de poids auprès des décideurs publics. Il atteste d’un véritable soutien populaire pour la préservation des terres d’eau, ce qui renforce notre position dans les négociations pour obtenir des avancées concrètes.
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